"Iris, les derniers tableaux sont où ?" s’affole Thyra, la propriétaire de la galerie. La jolie petite blonde ne peut s’empêcher de sourire. Elle adore voir sa patronne courir partout à l'approche d'un événement tel qu'une exposition. Iris est tendue, comme toujours dans des moment comme celui-ci, toutefois elle reste le plus calme possible pour tout faire correctement. S'affoler n'arrange rien. Et quand le stress envahi son corps elles est incapable de bouger et de faire un geste sans renverser quelque chose. Ce n'est absolument pas le moment de tout casser autour d'elle. D'une démarche tranquille elle se dirige vers la réserve et attrape les deux dernières photos qui complètent l'exposition. Elle les tend à Thyra. "Je ne les ai pas encore mises car je n'arrive pas à me décider sur leur place" confie la demoiselle. Il faut savoir qu'Iris est très perfectionniste. Elle veut que tout soit parfait, tout le temps. Elle est ce genre de personne rêveur qui se font des films dans leurs têtes. Du coup, elle aime quand les choses sont comme elle les avait rêver. Et cette soirée elle l'imagine depuis des mois, depuis que Thyra a approuvé son envie d'exposer les photos de photographe anonyme, des photos avec un thème qui lui tient un cœur, des photographies qui portent sur l'ile de Skopélos. Sa patronne récupère les tableaux et les déposent un peu au feeling. Iris regarde la galerie d'un coup d'oeil. C'est presque aussi parfait que ce qu'elle avait rêver. Un grand sourire se dépose sur son visage. Ce soir va être une fabuleuse soirée.

20 heures. L'heure fatidique. Iris a revêtu une robe noire, toute simple et pourtant elle la met terriblement en valeur, collant ses courbes à la perfection. La jolie blonde ouvre la porte de la galerie. Les serveurs sont déjà en place. Le bar et le buffet sont remplis. Les photographies sont parfaitement mises en valeurs. Elle souffle un coup pour se donner du courage. Si la soirée ne réussit pas cela sera en partie de sa faute. Les quelques premiers curieux arrive, dont son petit-ami. La soirée vient de commencer !

Il faisait bon, ce soir-là. Tarana, vêtue d’une robe simple mais hors de prix, se décida enfin à sortir de sa chambre, jetant un dernier coup d’œil à sa tenue dans le miroir du couloir. La pension de Donna Sheridan bien que modeste, offrait des chambres dont le confort ne remplissait pas forcément tous les critères de la jeune Darbinian mais suffisait largement pour le peu de temps qu’elle y resterait. Lors de sa première venue à Skòpelos, la jeune femme n’avait pas manqué de remarquer cette charmante maison à vendre, située tout en haut de la ville. Mais le temps passant, les évènements changeants, elle avait laissée tomber cette idée. Jusqu’au jour où elle était revenue et bien déterminée à s’installer définitivement sur l’île. Si elle ne vivait plus chez Ycare pour des raisons plus qu’évidentes, la belle avait de nombreuses fois réfléchi à acquérir cette demeure qui demandait preneur et ce, d’urgence. Elle l’avait visitée, repéré quelques endroits à exploiter et avait contacté sa très bonne amie Pia Ashbyrn-Cork qui lui ferait les plans de sa décoration intérieure. Inutile de préciser que la future maison de Tarana Darbinian serait un petit chef d’œuvre décoratif. Mais ce soir, il n’était pas vraiment question de demeure ou autre. Ce soir, la jeune femme sortait et allait se mélanger parmi la foule d’habitants venus au vernissage de cette exposition ayant lieu dans la galerie de ses amies Iris et Thyra. Tarana ne cachait pas sa nervosité de fréquenter les grecs de Skòpelos, autrement dit, ses nouveaux colocataires mais elle s’y rendait heureuse. Lorsqu’elle arriva sur place, la première chose que la jeune femme fit fut d’adresser un petit signe de la main à Iris avant de chercher du regard Thyra. Ne voyant pas son amie, la jeune femme se réfugia au buffet et prit une coupe de champagne avant de partir analyser les différentes photographies ornant la galerie. Jusqu’à ce qu’elle tombe sur ce portrait, ô combien absolument divin. Elle l’observa pendant un long moment, sirotant à plusieurs reprises avant de se voir interrompre par un homme charmant. « Il vous plaît ? » Un sursaut, elle se retourna. « Oui, le cadre, les couleurs, c’est magnifique. » « J’y ai mis toute mon énergie. En tout cas, je suis ravi qu’il ait attiré votre attention. » Un sourire, tandis qu’il fixait Tarana, toujours absorbée par l’image. Au bout d’un moment, elle daigna enfin détourner son attention et commença brièvement à discuter avec cet homme qu’elle connaissait à peine. Il révéla qu’il était l’auteur de la photographie mais que son véritable métier était la finance. Un point commun avec la dubaïote qui avait quitté le siège de la banque d’affaires où elle travaillait à Dubaï. « J’aimerais beaucoup avoir l’une de vos photographies dans la demeure que je suis en train d’acheter. », murmura-t-elle de sa voix douce tandis que l’homme gardait un sourire perpétuel sur son visage. « Voici ma carte. Appelez-moi, je vous présenterais mes chefs d’œuvres. » S’en suivit un petit rire auquel Tarana répondit par un sourire sincère. Si tous les habitants de Skòpelos pouvaient être aussi adorables que ce charmant jeune homme, la vie serait décidément beaucoup plus facile.

La maison était totalement déserte, même notre chiot semblait décidé à y contribuer & leva à peine la tête lorsque je passai le pas de la porte. Rhea devait déjà être partie à l'exposition de la galerie, en même temps une femme étudiant l'histoire de l'art devait arriver dans les premières à des expositions, en particulier quand cela se produit si peu lorsqu'on habite à Skopelos. Je me dépêchai de prendre une douche et de me préparer pour ne pas être plus en retard à la soirée que je ne l'étais déjà, enfilant à toute vitesse le costume que j'avais acheté, je lançais un dernier coup d'œil en direction du miroir pour voir à quoi je ressemblais avant, de partir. C'était une belle soirée d'été, les gens se promenaient tranquillement dans les rues à l'inverse de moi qui marchais à une vitesse folle, à la limite de courir. Je devais avoir l'air profondément ridicule à moitié en train de courir & en costume mais, bon ce n'était pas comme si je n'avais pas l'habitude. Heureusement quand j'arrivais enfin, je pus me glisser à l'intérieur de la galerie incognito, il y avait tellement de monde que je pourrais dire qu'ils ne m'avaient simplement pas vu parmi la foule. Me mêlant à la foule, je commençais à faire le tour de la salle afin de regarder les différentes photographies puis, m'installant à côté du bar, je me baladais de groupe en groupe pour saluer certaines de mes connaissances les plus proches, et les quelques amis qui se trouvaient ici. J'en profitais pour éviter sans aucune discrétion Rhea, il était pour l'instant plus simple pour moi de ne pas lui parler que de devoir lui expliquer mon comportement dès plus étranges. Et vous pouvez me croire … Éviter quelqu'un avec qui on vit, ce n'est pas la chose la plus simple au monde. Alors que je profitais pleinement de la beauté d'une photographie, je ne pus m'empêcher d'entendre la conversation qu'une jeune femme avait avec ce beau parleur de Basil. Et blablabla et blablabla, qu'il essayait de la charmer, il me fallut quelques secondes de plus pour comprendre que la jeune femme en question ressemblait fortement à la description que m'avait fait Ycare, enfin elle était beaucoup plus jolie que ce qu'il avait osé me dire. Et oui, elle avait beau être ici depuis un certain temps je n'avais toujours pas eu l'occasion de la rencontrer réellement, seulement de dos ou de profil quand elle passait en coup de vent dans la pièce où je me trouvais avec mon ami. Attendant que le charmeur eu finit sa tirade, je la laissais soufflé quelques instants avant de me décaler à ses côtés. « Si j'étais toi, je ne croirais pas un seul mot de ce qu'il a pu te dire, c'est un charmeur, un beau parleur, rien de plus, il adore collectionner les filles. » Oui, bon cette description ressemblait étrangement à la personne que j'étais quelques mois plutôt mais, ça c'était un petit détail. Attrapant deux coupes de champagne quand le serveur passa, je lui en tendis une. « Mais, c'est vrai qu'il reste un bon photographe. » Je lui lançais un sourire avant de boire une gorgée du nectar dorée et finis par lui tendre la main. « Je m'appelle Adonis, tu dois être … Tarana si je ne me trompe pas. » Il ne restait plus qu'à espérer que je n'allais pas passer pour le fou qui connaissait son prénom car, si Ycare m'avait parlé d'elle, je ne savais pas s'il avait parlé de moi à la demoiselle & si c'était le cas, je ne savais pas en quels termes.

Longuement, je m'étais observée dans le miroir à me demande si le mieux n'était pas d'enfiler un jeans et zappé ce vernissage. Cora ne parlait plus à Iris et je doutais fortement qu'elle s'y rende ce soir. j'avais pourtant envie de décuire cette galerie mais surtout de me montrer présente, par respect pour Iris qui se trouvait être une amie. J'avais tendance à la voir dans des lieux plutôt discret, ce qui était ridicule, mais je ne voulais surtout pas blesser ma meilleure amie. Dans leur histoire, il était clair que je comprenais Cora et était de son côté, mais au fond je n'avais rien avoir là dedans, je tentais de ne jamais en parler, ce qui me permettait d'être amie avec elles deux, non? Et puis cette soirée réunirait de nombreuses personnes de l'ile, rien ne disait que j'y allais pour Iris. Tournant une dernière fois sur moi même, je me décidais à enfiler mes escarpins. Cette robe était parfaite, inutile de me prendre la tête plus longtemps, je n'allais tout de même pas à un mariage. Je décidais d'ailleurs d'attacher mes cheveux assez simplement et de me contenter d'un peu de mascara. Mon iphone glissé dans ma petit sacoche, je filais en voiture à la galerie. C'était de la fainéantise, mais perchée sur dix centimètres de talons je préférais éviter de traverser l'île à pieds.

A peine arrivée, j'entrais émerveillée telle une enfant le jour de noël. Mes pensées allaient vers ma mère, qui serait sans doute comme une puce dans cette galerie. Elle aimait peindre mais je n'avais en rien hérité de son talent, ce qui pouvait s’avérer logique, puisqu'au final je n'étais pas sa fille biologique. Quoi qu'il en soit, elle aimait les expositions et serait heureuse de m'accompagner. Rien avait été laissé au hasard, à peine avis-je eut le temps de faire quelques pas qu'un des serveurs me proposait déjà une coupe, suivit de petit toast. Passant à côté d'Adonis, je ne pus m'empêcher de mettre mon grain de sel en l'entendant parler d'un autre gars de cette façon.

« Je ne t'aurais pas décrit mieux que tu ne viens de le faire. »

J'affichais un sourire narquois, levant ma coupe pour trinquer avec la sienne avant de tourner les talons, le laissant à sa future conquête. J'avais tendance à me laisser écraser, se la jouer garce n'était pas du tout dans mon caractère mais il l'avait plutôt bien cherché. Je me promis que ce serait mon unique remarque de la soirée et rejoignait à présent Iris, large sourire aux lèvres.

« Je suis finalement là! C'est parfait Iris... »

Je regardai une dernière fois l’invitation pour l’exposition, poussant un léger soupir. Je me demandais encore si c’était une bonne idée que j’y aille. J’avais pesé le pour et le contre toute la semaine, en partie pour Iris, après tout je n’avais pas à prendre compte notre « guerre » dans mon avis. Je devais y aller pour son travail et qu’elle avait du bosser dur pour faire cette exposition. J’avais essayé de trouver des excuses bidons mais aucune ne me satisfaisaient réellement. Je posai l’invitation sur la coiffeuse regardant mon reflet, je voyais exactement Iris. Pourquoi la vie était parfois si dure ? Nous demandions justes à être heureux rien de plus, il faut croire que la vie voulait décider autrement malgré nos réticences. Je me levai et pris la robe que j’avais acheté lors d’un moment de faiblesse, ce jour là je voulais être présente à l’expo. Voir ces tableaux que maman nous montrait à Iris et moi lorsque nous étions petites. Je n’ai jamais été vraiment intéressée par ces tableaux, contrairement à mon double qui aujourd’hui était galeriste. Une moue se logea sur mon visage, je pris la robe entre mes mains avant de me rendre à la salle de bain. Quelques minutes plus tard j’avais revêtu la robe qui épousait mes formes plus ou moins généreuses, un maquillage léger et une coiffure plutôt simple. J’avais gardé mes cheveux détachés je mis mes escarpins, je m’arrêtai une dernière fois devant le miroir tournant lentement sur moi-même. Peu importe les conséquences que ma venue sur cette exposition, mais au fond de moi je savais que je devais y aller pour Iris. Je pris ma pochette et y glissa mon téléphone, je sautai dans ma voiture pour me rendre à la destination fixé. En tant normal j’aurai opté pour la marche, mais la galerie n’étant pas à côté et marcher avec dix centimètres de talons n’étaient pas un choix judicieux. La galerie était déjà bien rempli, je reconnu quelques personnes dont Aloysia ma meilleure amie. Elle discutait avec Iris, je ne pouvais l’obliger à choisir un camp. Elle était libre de s’entendre avec ma sœur jumelle, comme la plupart de nos amis en commun. Cela serait égoïste de ma part si je leur demandais d’arrêter de parler à Iris. J’imaginais qu’ils devaient être parfois être mal à l’aise, ceci devrait déjà être assez pénible pour eux. Je n’allais pas en plus rajouter un choix entre elle et moi. Un sourire triste était apparu sur mes lèvres, je regrettais sincèrement de ne pas féliciter en personne ma sœur pour ce travail. Je me dirigeai vers un tableau à l’aveuglette l’art et moi ça faisait deux. Je n’ai jamais eu le sens artistique de maman, ni d’Iris qui depuis la mort de notre frère avait eu ce déclic. Je restais là à regarder le tableau, un peu intriguée par ce chef d’œuvre. La peinture me laissait perplexe et des centaines de questions affluaient dans mon esprit.