Il pouvait ne pas se souvenir de sa silhouette fine, il pouvait ne pas se rappeler de l’intensité de ses yeux, il pouvait ne pas oublier ses sourires fortuits mais sincères, ses expressions faciales drôles et enfantines, ou encore sa longue chevelure d’un roux sauvage qui virevoltait dans un vent chaud de la ville de Skopelos. Et puis finalement il avait dû s’y résoudre pour ne pas défaire cet équilibre constant qui malgré sa volonté se voulait peu commune, et pas indéfini en soi. Marchant doucement dans les rues de la ville grecque, et profitant ainsi de sa journée de libre, Thésée laissait libre cours à ses songes qui comme à l’accoutumée semblaient prendre un malin plaisir à lui remémorer les anciens vestiges de sa vie de famille, ceux qui accompagnés en particulier la présence d’Adélie dans son existence. Une existence qu’il ne changerait pour tout l’or du monde, mais pourtant il se devait de faire avec, avec les hauts et les bas de l’existence. Le froid de novembre venait doucement mais certainement se heurter à la ville comme un vent sibérien en plein désert, et pourtant ce fut sur une note de bonne volonté qu’il se rendait comme chaque mois au cimetière pour venir visiter la première femme de sa vie, celle qui demeurait à jamais dans son cœur. Mains dans les poches de sa veste en cuir, il pressa sa marche en direction de son véhicule pour se rendre à l’entrée du cimetière où reposait la douce et défunte mère de Clara. Un bon quart d’heure plus tard, munit d’une rouge blanche, il pénétrait enfin dans l’endroit où quelques mois plus tôt, il avait dû dire adieu à celle pour qui il aurait tout donné de sa personne. Les yeux azuréens du blond stoppèrent leurs courses sans grande surprise sur la pierre tombale d’un blanc nacre ornait de quelques lettres dorées représentant l’identité d’Adélie Gallarias. Dès lors, l’ange rigolard esquissa un maigre sourire au coin des lèvres, s’abaissa doucement à la hauteur de l’édifice à la mémoire de l’être aimée. Soigneusement il embrassa la rose avant de la déposer sur la tombe et resta ainsi accroupit quelques instants à fixer l’horizon qui prônait au-delà du premier plan. « Bonjour ma belle … ». Avait-il soufflé dans un murmure à peine audible presque silencieux. « Comme tu peux le voir je n’ai pas encore eu le temps de passer plus souvent ces derniers temps, mais c’est un peu compliqué pour le moment. Clara aurait voulu venir mais je crois qu’elle sait combien tu veilles sur elle. Je sais combien tu aurais voulu que je poursuive mon existence, c’est pas faute d’en avoir souvent parlé lorsque tu étais encore auprès de nous. Je tente un peu plus chaque jour de me dire que la vie continue mais j’ai bien du mal à me faire à cette idée jusqu’à ce qu’elle vienne tout mettre en miette. Elle s’appelle Sofia, et à un caractère des plus contradictoires, sacré personnalité pour laquelle mes pensées sont pas mal brouillées je dois l’avouer … ». Il soupira d’un air las tout en secouant péjorativement son visage mystérieux. Il ne savait plus réellement sur quel pied se poser, et puis danser avec la jeune femme. Cette dernière savait le rendre hostile à ses résolutions prises antérieurement et pourtant elle avait faculté naturelle de le rendre serein dans un tout autre sens. Toujours baisser à la hauteur de la pierre de repos de sa défunte épouse, Thésée se releva les prunelles toujours rivaient sur le lointain. Des pas feutrés se firent dès lors entendre, puis un silence de plomb lourd et attendu s’installa entre l’inconnue et le jeune homme. « Pourquoi ne m’as-tu rien dis Thésée ? ». Cette voix, le Gallarias la connaissait assez bien pour en reconnaitre l’identité complète de la dénommée Sofia. Il respira tout en pourtant son regard azuréen sur celui de son interlocutrice et la toisa d’une œillade impassible avant de rétorquer d’une maitrise absolue. « Tu penses que j’ai choisit de retenir mon attention sur toi ? Ou bien que j’ai encore le loisir de m’amuser avec toi comme le ferait d’autres ? Je n’ai pas demandé à te porter une attention aussi véridique, et tu le sais très bien … ». Thésée ne la quittait pas des yeux, et pourtant il continuait de soupirer avec une lassitude non contrôlée. Il était fatigué de tout cela, fatigué de vouloir comprendre pourquoi elle lui en voulait autant alors qu’au final elle en avait tout à fait le droit. « J’ai le droit de savoir pourquoi Thésée ?! ». « Si je te l’avais dit bien avant cela aurait il changer quelques choses ? Je ne crois pas Sofia … Mais avant de te dire la vérité, je devais être certain de ne pas me laissais aller dans une histoire qui … Peut importe … ». Le grec la considéra d’une énième œillade avant de recouvrer le chemin de la sortie du cimetière. La rouquine en revanche ne comptait pas en rester ici et mordre de ce pain là en terme d’explication - cela s’entend -. « Dis-moi juste si tes sentiments étaient vrais ? ». Il se retourna quelque peu, avant de répondre. « Si tu te poses encore la question alors c’est que tu connais d’hors et déjà la réponse. ». Là en resterait leur relation ? Le chemin serait divergent aux jours d’aujourd’hui ? Aucun d’eux n’avaient la réponse en ce moment même, en revanche de là haut le doute ne faisait que semer le trouble. La jeune femme gardait toujours le silence, tandis que Thésée s’approchait doucement d’elle. Il essuya alors un larme qui perlait sur ses joues tout en venant chercher tendrement ses lèvres. Après quelques secondes, il colla son front au sien tout en usant d’une voix peu audible. « Tu es importante à mes yeux Sofia, mais je ne crois pas que tu ais réellement conscience de ce qui pourrait arriver … ». La réaction de Sofia était justifiée, il le comprenait que trop bien mais le fait que Clara soit sa fille semblait l’effrayer, elle n’était pas prête et lui pas prêt à courir le risque de souffrir une deuxième et unique fois.