you want to know some more.

Etrangement, Tarana ne quittait pas des yeux cette sublime photographie. Une plage familière y était représentée, une plage sur laquelle elle avait posé pour un certain Ycare avant que la situation ne s’empire brutalement, la faisant quitter Skòpelos pour son Dubaï natal, sa prison dorée. En y réfléchissant de manière plus approfondie, cette photographie ne l’aiderait pas à se reconstruire, loin de là. D’une taille relativement grande, l’œuvre prendrait beaucoup de place mais le rendu serait fabuleux. Tarana passerait tous les jours devant, repensant à ce triste jour qui l’avait perturbée outre que mesure. Ainsi, Ycare ne s’en irait jamais de son esprit. Ainsi, elle se rappellerait tous les jours que leur relation était étrange, ponctuée de baisers et de violentes disputes. Mais qu’importait au fond, la jeune femme serait probablement bien trop occupée avec son amie Pia pour penser à sa vie sentimentale. Pia, jeune anglaise spécialisée dans l’architecture d’intérieur, devait arriver d’un jour à l’autre et aider la jeune Darbinian à rendre sa future maison habitable. La décoration actuelle, très grecque, était charmante mais loin de son train de vie. Un coup de neuf ne ferait pas de mal à cette nouvelle demeure. Bien évidemment, Ycare n’en savait rien. T arana avait préféré garder cette annonce pour elle seule, quitte à s’attirer les foudres du grec par la suite. Mais voilà, elle se devait de posséder un espace entier dédié à son indépendance, chose dont elle avait été privée depuis bien des années. Même à vingt-six ans, la brune partageait encore une chambre digne d’un appartement dans l’immense demeure de ses parents. Il aurait fallu attendre le mariage pour la voir quitter le domicile familial afin de s’installer avec son futur mari. A Dubaï, bien évidemment. Secouant brièvement la tête, Tarana s’empressa de chasser cette ignoble pensée de son esprit. Elle ne voulait pas s’imaginer le chemin qu’elle aurait dû emprunter si elle ne s’était pas réfugiée ici, à Skòpelos. Personne ne la connaissait, personne ne se doutait de son identité et tant mieux. Son regard noir détaillant avec précision chaque parcelle de l’œuvre, la jeune femme n’écoutait que partiellement son interlocuteur qui, voyant qu’il ne pourrait rien faire de la Darbinian, préféra s’éclipser. Tarana lui adressa un bref sourire, tandis que l’homme s’éloignait, à la recherche d’une nouvelle proie. « Si j'étais toi, je ne croirais pas un seul mot de ce qu'il a pu te dire, c'est un charmeur, un beau parleur, rien de plus, il adore collectionner les filles. » Surprise par un tel discours, la jeune femme se retourna et observa le deuxième homme qui avait pris place à côté d’elle. Il ne lui semblait pas étranger, bien au contraire. Elle était persuadée qu’ils s’étaient croisés, mais où ? Souriant d’un air compatissant, Tarana prit délicatement la deuxième coupe de champagne qu’on lui tendait silencieusement. « Mais, c'est vrai qu'il reste un bon photographe. » Un petit rire de la jeune femme alors qu’elle se mit à observer la photographie de nouveau, toujours sans le moindre mot. « Je m'appelle Adonis, tu dois être … Tarana si je ne me trompe pas. » Le dénommé Adonis tendit une main à la jeune Darbinian, main qu’elle hésita de prendre pendant quelques secondes. Elle acquieça, ne sachant même pas d’où il la connaissait mais tant pis. « Oui, c’est ça. Nous nous connaissons ? » Malgré le sourire éclatant de la jeune femme, elle devait admettre que le Adonis en question ne lui revenait absolument pas. Puis, se remémorant une journée chez Ycare où elle l’avait aperçu en compagnie d’un homme semblable à son interlocuteur, elle écarquilla les yeux avant de s’excuser. « Bien sûr, Adonis. Je vous ai vu chez Ycare…, commença-t-elle avant de s’arrêter immédiatement, comme gênée par quelque chose, excuse-moi pour le vouvoiement, habitude malsaine dont je dois me débarrasser ». Bien évidemment, en présence d’un ami d’Ycare, Tarana se devait de faire bonne impression et de ne pas passer pour la petite princesse qu’on lui attribuait habituellement. Après tout, l’opinion d’un homme sur une femme se faisait à partir des critiques de ses amis.